Capitaine Thomas Sankara de Christophe Cupelin (2014), en replay sur La Chaîne Parlementaire (LCP).
Si vous l’aviez raté en salle ou dans les festivals, ne manquez surtout pas la diffusion – ou le replay – du film Capitaine Thomas Sankara que Christophe Cupelin a réalisé en 2014. 90 minutes pour mieux comprendre, et mieux entendre la voix singulière du bouillant capitaine qui prit le pouvoir en 1983 en Haute-Volta. C’est d’ailleurs à son initiative que le pays se dépouilla de son nom colonial pour se rebaptiser Burkina Faso, le pays des hommes intègres. Au delà du pays, la trajectoire de celui qu’on surnomma le Che Africain, par ailleurs passionné de guitare, a de quoi édifier le monde entier.
Les nombreuses images et extraits de discours qui jalonnent le film, non seulement rappellent son volontarisme, son humour, mais aussi sa foi en la possibilité pour les hommes de changer leur vie, sans avoir à tendre la main devant les anciennes puissances coloniales. Révolutionnaire, le Capitaine l’était : dénonçant le néo-colonialisme et les méfaits de l’aide étrangère, le manque de patriotisme économique des africains et du même coup, leur manque d’unité, mais aussi le poids de certaines traditions qui freinaient le développement et le dévoiement des pouvoirs coutumiers. Sankara voulait faire le ménage, et de fond en comble. Evidemment, le truculent « Tom Sank », aux discours percutants et bourrés d’humour, ne pouvait que se faire nombre d’ennemis. Qu’on le voie en train de jeter un froid glacial lors d’un dîner officiel avec François Mitterrand ou chambrer ses pairs chefs d’état lors des sommets de l’OUA, la méthode Sankara, parce que sincère, dérangeait… jusqu’à ses proches collaborateurs, dont certains commanditèrent son assassinat le 15 octobre 1987.
Alpha Blondy le chantait : « Thomas Sankara, ce sont tes baramaghos (tes gars) qui t’ont dja (tué) ». Son bras droit et ami de toujours, Blaise Compaoré, a dû évidemment se sentir visé. 29 ans après sa mort, Tom Sank a laissé une profonde empreinte dans les consciences de ses concitoyens, et l’insurrection populaire qui aboutit au départ de Blaise Compaoré du pouvoir, le 31 octobre 2014, en fut le plus concret témoignage.
Après avoir été longtemps maintenue au silence, la voix de Sankara a de nouveau publiquement droit de cité au Burkina, et dimanche 02 octobre une grande manifestation de lancement d’un mémorial en son honneur s’est tenue à Ouagadougou.
En attendant qu’il soit construit, ce film pourrait lui servir d’antichambre. Et de magnifique encouragement à tous ceux qui, de par le monde, pensent que les hommes peuvent toujours prendre leur destin en main.